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Et moi là dedans?

Je suis fatiguée. Je ne fais pas un pli devant la télé le soir. Je me sens fatiguée, plus qu’avant de savoir que j’ai un cancer. La fatigue est vraiment présente et c’est le plus visible / pesant. Je dors plutôt bien la nuit mais je suis crevée. Hier au boulot, je me suis demandée si j’allais rentrer plus tôt parce que je me sentais vraiment exténuée et heureusement que je n’étais pas seule pour gérer le groupe parce que je n’y serais sûrement pas arrivée.

Je suis sereine face à ce qu’il va se passer aussi. Les gens ont du mal à comprendre. Maintenant, je sais ce qu’il se passe. L’ignorance est pire parce que je me suis imaginée un tas de choses. Voilà, j’ai un cancer, je sais qu’il n’y a pas un jour qui va passer sans que j’y pense mais je sais aussi que je vais être traitée et qu’il n’y a pas de raison que ça se passe mal. « Ça fait chier! » c’est mon expression parce que ça représente bien ce que je ressens pour le moment. Mais dans l’ensemble je suis sereine.

Je ne pense pas proprement dit à la mort. C’est une éventualité, on ne peut pas le nier. Je vais la prendre en considération en 1. disant aux gens que j’aime que je les aime 2. faisant mon testament. Voilà, c’est tout ce que je pense de la mort. Cela va s’en dire, je n’ai pas envie de passer l’arme à gauche!

Je n’arrêterai pas de fumer! Non! Ce n’est même pas la peine d’y penser maintenant. Ma tante ne le comprend pas. Je fume un paquet par jour. Je ne vais pas me stresser à arrêter. J’aime fumer, faut que ce soit clair dans les esprits! En revanche, je vais ralentir quand je me sentirais prête.

Je ne vais pas m’arrêter de vivre. Samedi dernier, je suis allée à un anniversaire et ça m’a fait du bien de ne pas en parler. Samedi prochain, je fais un bal de carnaval. Je ne vais m’arrêter de vivre mais je vais vivre différemment. Je vais prendre plus soin de moi. Je vais faire attention à ce que mon corps me dit. C’est pour ça que je fais attention à la fatigue que je subis en ce moment. Je fais aussi attention à mon moral. Et ce n’est pas en arrêtant toute vie sociale que le moral va suivre!

Je vais parler. Annoncer mon Cancer c’est presque terminer. Pour le moment le moral est bon mais je sais que ce ne sera pas toujours le cas. Je sais que je peux me tourner vers mon homme, mes amies Morue et M&M’s, ma famille… Je peux en parler au boulot. Et s’il le faut, je retournerai voir ma psy, si j’ai des questions qui demandent un point de vue extérieur.

J’assume que je suis triste d’avoir ce maudit Cancer. Mais je ne souhaite pas m’apitoyer sur mon sort. On en revient au « Ça fait chier! ». J’aurais préféré que ça n’arrive pas. Mais je ne suis pas dans le dénis.

Pour le moment, je ne suis pas en colère. En colère contre qui? contre quoi? Cela va peut être changer, mais je ne ressens pas de colère.

Je ne me sens pas vraiment interrogative non plus… Comme ça fait un bout de temps qu’on soupçonne la thyroïde, j’avais imaginé ce cas de figure. Je me dis que le corps et l’esprit sont liés. Mon esprit a reçu différents chocs depuis près de 20 ans: les maladies et décès de mes parents, notamment. Je pense que mon esprit n’a pas su faire disparaître le chagrin et la douleur et ça s’est répercuté dans ma thyroïde. Il est possible aussi que ce soit Tchernobyl … Je suis née en 1983, j’étais jeune quand le nuage radioactif est passé et je ne pense pas qu’il ait contourné la France. Et puis, il y a un terrain familial impossible à nier! Du côté maternel, on est tous pourris de la thyroïde. Alors, je ne me sens pas vraiment interrogative sur la provenance de ce Cancer. Je ne me pose pas trop de questions sur ce qu’il va arriver, on verra. La peur n’évite pas le danger.

Je ne me sens pas malade. Un Cancer ça ne fait pas mal en tant que tel. Je n’ai pas de symptômes. Ou pas plus que d’habitudes, donc je ne vois pas la différence. Je sais que c’est là, je sais que je rentre dans un processus, mais voilà.

Je prends peut être plus de recul sur certaines choses passées. Ma prise de poids … Il y a quelques années, j’ai changé de pullule, donc j’ai mis ma prise de poids sur le dos de la pilule. Ma fatigue… Je suis toujours fatiguée (sans tomber dans l’excès)  mais en même temps je suis quelqu’un de très active. Mon « Hyperactivité » (pas la maladie à la mode chez les enfants), la manière que j’ai de vivre vite sans savoir me poser dans un canapé à ne rien faire. Ça vient peut être de là. Maintenant, en sachant que j’ai un cancer, il y a un nouveau monde de probabilité qui s’ouvre à moi. Je pense faire une liste de ces probabilités et demander clairement au spécialiste que je vais rencontrer s’il est possible que ce soit du au cancer.

J’ai un peu peur. J’ai un peu peur que le fait de retirer ma thyroïde m’enlève mon grain de folie, ma créativité, ma bonne humeur, mon espoir éternel envers et contre tout. C’est peut être pour ça que je voudrais un cours sur ce que gère la thyroïde. Pour me rassurer. Mais ça j’en parlerai avec le spécialiste que je vais rencontrer. Je pourrais en parler avec mon généraliste, mais comme il le dit lui même, ce n’est pas son domaine. Si le rendez vous avec le spécialiste se fait attendre, j’en parlerai avec mon généraliste. Pour l’instant mes peurs sont présentes mais elles sont minimes. Je ne voudrais pas qu’elles grandissent.

Voilà pour le moment ce que je ressens vis à vis de mon Cancer.

Source: Kyro

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