Dans une semaine je rentre à l’hosto. Youhouuu ironique! Sérieusement je ne suis pas méga motivée.
S’il y a bien quelque chose qui ne me gène pas c’est qu’on m’enlève la thyroïde. L’acte chirurgical n’est pas un problème en soi, il ne l’a pas été pour mon nodule, il ne le sera pas pour ma thyroïde. Le fait d’être endormie ne me pose aucun problème, sur ce point je suis zen.
Si seulement je pouvais être zen pour le reste…
Je suis très contrariée par le fait de rester seule dans une chambre à Claude Huriez. Ouais, cet hôpital et moi, nous ne sommes pas en très bon terme. J’ai beau essayé de prendre du recul, essayer de voir les choses sous un angle différent, pour moi, Huriez c’est un hôpital où l’on meurt. Sur la tripotée d’hôpitaux qui se trouve à Lille, il faut que je tombe sur celui-là. Je n’arrive pas à envisager mon séjour là-bas sereinement. Non, et non! (Peut être dans 10 ou 15 ans, mais pas maintenant) On a tous notre propre histoire avec les hôpitaux mais la mienne ne supporte pas Huriez. J’ai demandé à voir un psy là-bas. Pas pour parler de mon cancer. Dans l’ensemble je le vis bien. Juste pour m’aider à appréhender les quelques jours que j’ai à passer là-bas. Et j’espère pour lui qu’il ne me donnera pas l’impression d’être une tarée parce que je ne me sens pas capable d’être hypocrite (pire que d’habitude). Non, même si j’essaye de m’imaginer zen allongée dans le lit ça ne marche pas.
Je suis aussi gênée par le fait de ne pas savoir si je reste 3 jours ou 5 (et si c’est plus, ils ont intérêt à prévoir les calmants). Il y a de fortes chances que ce soit la première chose que je demande en me réveillant, si j’arrive à parler. (Sérieusement, je crois que je vais faire une pancarte pour avoir la réponse) Je me prépare tant bien que mal à rester 5 jours mais ça me fait chier. Depuis toute petite, je n’arrive pas à rester glander… Il faut que je sois occupée. Il y en a qui me diront que je n’ai qu’à profiter de ses quelques jours pour me reposer mais me faire chier m’énerve plus qu’autre chose. Je sais me reposer en faisant un tas de choses. Je ne sais pas encore m’abrutir devant la télé. Ça ne marche pas. Et ce n’est pas comme si j’allais au ciné. Au ciné je suis assise, je mange un hot dog et ça ne dure que 3 heures. Là je dois glander pendant 5 jours. Je prévois des choses pour m’occuper: livres, PC, téléphone pour twitter et envoyer des sms,… Je prévoies même de m’acheter un livre de mots cachés histoire d’avoir quelque chose à faire de bien crétin…
Et il y a le fait que les infirmières sont des connasses depuis la dernière fois que j’ai fait un séjour à la clinique. Comment être motivée à passer 5 jours entourée de connasses? (Les cons, dans la vie, je les fuis) Hier, j’ai compris que mon précédent séjour ne m’avait pas laissé indemne. Quand je suis rentrée le dimanche, je me suis forcée à être sympathique et à prendre sur moi pour que ces 3 jours se passent le mieux possible. Mais en fait, ce sont les infirmières et les aides soignantes qui n’ont pas rempli leur rôle. Même si j’essaye de me rassurer en me disant qu’à Lille ils sont vachement plus sympa et beaucoup plus sensibilisés à la détresse morale, je n’arrive pas à me rassurer sur le fait que les infirmières peuvent être gentilles.
Hier, après un coup de mou fantasmagorique j’ai décidé d’écrire à la Clinique des Flandres. Je n’avais eu de formulaire de satisfaction, je pensais que c’était inutile, mais comme je me retrouve bien emmerdée (comme si j’avais eu besoin de ça en plus à gérer), il n’y a pas de raison qu’ils ne soient pas au courant. Bien sûr, dans la lettre je ne leur dit pas que leurs infirmières sont des connasses. Je fais l’effort de leur expliquer pourquoi, elles le sont. Voilà la copie de cette lettre.
Attention, il y a de la lecture!
Service des usagers et de la prise en charge
Dunkerque, le 27 avril 2011
Objet: remarque / témoignage
Madame, Monsieur,
Je me permets de vous écrire à propos de mon hospitalisation dans votre clinique entre les 16 et 18 janvier de cette année dans le service de chirurgie.
Pourquoi avoir attendu. Parce que j’ai minimisé l’impact de mon séjour à la Clinique des Flandres. Pourquoi maintenant? Parce que je suis dans l’attente d’être hospitalisée au CHRU et je subis les conséquence de ce séjour.
Le chirurgien, l’anesthésiste, les brancardiers ont été formidablement humains: gentils, attentifs, professionnels. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de vos infirmières et aide-soignantes. Plusieurs exemples viennent appuyer ce qui précède:
-
Le premier exemple remonte à la prise ne charge à mon arrivée. Elle fut longue, froide et désagréable. Je ne connais pas beaucoup de personnes qui arrivent de gaieté de cœur dans un service de chirurgie mais j’ai mis de côté mes appréhensions pour être aimable et sympathique avec l’infirmière qui ne m’a pas rendue l’effort que je faisais. Quel drôle de sentiment que d’avoir l’impression de déranger un dimanche alors que l’on m’attendait.
-
2ème exemple: Un réveil peu humain à 5 heures du matin par un « Bonjouuurrrr » tonitruant en entrant dans ma chambre de la part de l’infirmière. Qu’est ce que ça lui coûtait de faire preuve d’un peu de discrétion et d’attendre 7 heures pour me tirer du lit? Ce n’est pas comme si j’avais un petit déjeuner à prendre, ou, si j’avais été la première à passer au bloc.
-
3ème exemple, le meilleur de tous à mon sens: Une altercation avec une de vos aide soignante. Au lieu de m’expliquer gentiment, clairement et calmement que je n’avais pas le droit de fumer avant mon intervention, elle m’a manqué de respect et m’a crié dessus. J’ai préféré taper dans le mur plutôt que sur elle. Mais je ne tolère pas qu’on traite un patient de la sorte. Je ne lui ai pas manqué de respect, je ne lui ai pas mal parlé et je n’ai pas rabaissé sa fonction. Je ne suis pas un chiot sur lequel on crie pour le faire obéir.
Cerise sur le gâteau, quand elle était dans ma chambre, elle a été tout aussi désagréable. Cette fois, en toute impunité puisque la porte était fermée.
On se demande ensuite pourquoi j’ai pleuré une grande partie de cette journée et de la soirée. Quelle atmosphère idéale avant une intervention et pour se remettre d’aplomb. Qu’en pensez-vous? Évidemment, mes pleurs n’ont alerté personne quant à un éventuel mal-être.
-
4ème et dernier exemple: la négligence. (Je ne parle pas de la crasse de la chambre même si elle était bien présente) Suite à mon réveil, je suis dans ma chambre et j’ai besoin d’aller aux toilettes. J’appuie sur le bouton d’alarme pour que l’on vienne m’aider. L’aide soignante entre, appuie sur le bouton pour arrêter le signal et s’en va. Et moi je suis toujours dans mon lit avec le besoin d’aller aux toilettes. J’y suis allée toute seule. Heureusement pour moi, je n’ai pas eu de problèmes en y allant. Mais est-ce normal?
Dans tout cela, il y a eu une et une seule infirmière qui est sortie du lot par sa gentillesse, et, sa bienveillance le soir de mon intervention. Elle m’a demandé si j’avais mal. Question anodine, mais dans ce cas, qui avait son importance. Elle s’est inquiété de savoir si j’étais allée aux toilettes (elle était effarée quand je lui ai conté la mésaventure qui s’est produite peu de temps auparavant). Elle a scotché mon drain sur ma blouse, ma perfusion pour qu’elle n’abime pas plus ma main. Pourquoi est-ce la seule à y avoir pensé? Pourquoi est-ce la seule, pardonnez-moi l’expression, à ne pas m’avoir considérée comme une « emmerdeuse »?
Une infirmière, dans le consensus, est une personne qui est présente pour prodiguer des soins mais aussi pour accompagner le patient dans son hospitalisation pour pallier la douleur du patient, quelle qu’elle soit. En trois jours d’hospitalisation, une seule a répondu à ce consensus.
On s’attend aussi dans une clinique à avoir un service meilleur qu’en hôpital. Je ne parle pas de soin mais ce service. C’est peut-être une idée reçue mais elle est bien là. Mais dans ce service de chirurgie, il y a un service et une propreté qui est effroyable. J’ai bien conscience que les métiers d’aide soignante ou d’infirmière sont particulièrement éprouvant et peu reconnus. Mais est-ce une raison pour être exécrable avec le patient? Je pense qu’elles le savaient avant d’exercer cette profession.
Moi maintenant, je dois rentrer au CHRU avec la peur au ventre d’être traitée comme je l’ai été dans votre clinique. Je suis à une semaine de mon hospitalisation et je n’en dors plus. Je n’ai pas peur de l’intervention que je vais subir. J’ai peur du traitement qui va m’être infligé.
J’espère juste que cette lettre vous ouvre les yeux quant à la qualité déplorable de votre personnel soignant en chirurgie et que personne n’ait à subir ce que j’ai vécu.
Cordialement.