C’est con à dire mais on a tous dans notre entourage quelqu’un qui a eu, qui a ou qui aura un cancer ou une maladie merdique et bien prenante. Si mes souvenirs sont bons une personne sur quatre a eu, a, aura un cancer au cours de sa vie. C’est énorme, vous ne trouvez pas? Je suis dans les 25% de personnes qui vivent avec le cancer. Je suis aussi dans les 75 % de personnes qui ont vécu le cancer de quelqu’un de cher. Si je regarde autour de moi, j’ai un tas d’amis et si je fais des paquets de 4, ça fait malheureusement beaucoup de monde qui passera par cette épreuve.
L’annonce du cancer est une chose infâme. Je me mets à la place de du docteur B qui a du me le dire et je me souviens qu’à sa voix il n’allait pas fort. Quand il me l’a annoncé, c’est comme si le monde, mon monde avait arrêté de tourné. Je suis restée plantée là, dans le milieu du salon. J’ai pleuré. Je ne pleure pas souvent mais là, je ne sais pas, c’est comme si mon corps avait besoin de vider cette nouvelle et en même temps de se l’approprier.
La prise de conscience de la maladie. Le problème avec mon cancer c’est que je ne me sens pas malade et les prises de sang étaient bonnes. J’ai donc vécu un bout de temps en étant atteinte d’un cancer et je vivais bien. Si vous remontez dans le temps et dans mes articles, je mettais des guillemets quand je disais être malade; Je ne pense pas que j’étais dans le dénis, mais je n’avais pas conscience de mon cancer. Maintenant je ne mets plus de guillemets. Même si normalement tout a été enlevé, que je n’ai normalement plus de cancer, je serais tranquille une fois l’opération terminée. (Ils auront ouvert, analysé et nettoyé). Bref, maintenant je suis consciente d’être entrée dans le processus du cancer et de la maladie.
Le cancer ce n’est pas qu’une maladie, c’est un processus. D’une part, parce qu’on vit avec, on le découvre, on se fait soigner, on est en rémission puis en guérison. D’autre part parce qu’il faut aussi pour la personne atteinte d’un cancer vivre différentes étapes. Pour le moment, j’ai du accepter, en parler, constater (la chance que j’ai d’avoir mes proches!), accepter d’être malade, prendre mes responsabilités et aller voir d’autres médecins. Là je suis dans une période où ça me saoule royalement d’avoir autant de rendez-vous médicaux, et, où je regarde avec un point de vue assez critique les médecins, la médecine et le système de santé français. Ensuite, je ne sais pas de quoi demain sera fait et je sais que ce sera différent!
La maladie est inextricablement liée à la mort. C’est vrai que je n’en ai pas parlé encore sur ce blog. Ça s’explique de deux manières: 1. Je n’envisage pas de passer l’arme à gauche tout de suite, donc je n’en parle pas. 2. Je ferai un article sur la mort prochainement. Mais pour moi, la seule issue possible dans la vie de tous les jours (ce sera très probablement différent quand je serai à l’hosto) c’est la guérison. Je ne me sens pas mourante, j’arrive très bien à imaginer ma vie dans 1, 5 ou 50 ans! Mais j’ai remarqué que lorsqu’on prononce le mot « Cancer » les gens l’associent immédiatement et inconsciemment à la mort. Ça se voit dans leurs yeux, ça se sent dans leur voix. J’y ai pensé quand on me l’a annoncé, mais je n’y pense plus.
La maladie est un combat de tous les jours. C’est con, mais si je crois le Professeur C que j’ai vu à Lille, je ne suis plus cancéreuse. Néanmoins, je suis dans le processus et ce processus est très éprouvant. Comme je l’ai écrit à de nombreuses reprises, il y a beaucoup de choses qui changent ou qui doivent changer. Je lutte pour ne pas péter un plomb dans les salles d’attente, je lutte parce que je suis fatiguée, je lutte pour garder un quotidien qui me ressemble, je lutte pour ne pas allumer une cigarette tout de suite. … … …
La maladie est impressionnante. C’est assez difficile à expliquer. Elle est impressionnante parce que le cancer est une maladie discrète. Je ne me sentais pas malade et je ne me sens pas malade maintenant que je le sais. Il n’y a pas de signes pour le cancer que j’avais. Elle est impressionnante parce qu’on y rentre de manière brutale. J’ai eu la chance que le docteur B m’explique avant de savoir ce qui pouvait m’arriver. Je m’étais donc préparée à toutes les situations. J’ai eu la chance d’avoir ce tempérament là et de balayer toutes les possibilités plutôt que de me mettre des oeillères. Balayer cet éventail de possibilités fut très éprouvant et encore plus parce que je ne savais pas à quoi m’en tenir. Mais l’annonce reste brutale. La maladie est aussi impressionnante parce qu’on ne sait pas quoi on s’aventure. C’est un monde qui est bien rodé. Il y a de nombreuses procédures, des codes, des astuces… Mais quand on ne le connait pas, il est très impressionnant et déstabilisant.
La maladie est une leçon de vie. Si je me souviens de mes heures passées à me faire chier au cathé, on m’avait expliqué que Dieu (entité toujours abstraite et absurde à mon sens) donnait des épreuves aux pauvres humains et pêcheurs que nous sommes pour mériter notre place au paradis. Mouais, mouais à d’autres! Je viens de parler avec une copine qui est musulmane et qui m’a dit qu’en « Islam on dit que la personne n’est jamais affligé d’une épreuve plus lourde qu’elle ne peut supporter ». Moi je dis (Oui présenter de cette manière, je me mets au même rang que deux Dieux super puissants et je le vis bien) que ma maladie ne me rend pas forcément plus forte dans mon esprit. Je remarque plus facilement certaines choses notamment la présence de mes proches et de leur aide! Je savais que j’étais plus forte avec la maladie et le décès de mes parents. Ça je le savais. Je sais que j’ai appris à vivre différent et à être heureuse quoi qu’il se passe. Mais ce n’est pas ma maladie qui me l’a apprise. Mon cancer me rappelle juste que je suis extrêmement chanceuse d’être aussi bien entourée et que j’aime la vie que je mène (dans sa globalité!) Je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort (je le ferai quand j’en aurai besoin). Je profite de chaque instant et de chaque personne. La maladie n’est pas que du négatif, loin de là.
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